“Votre maison est votre corps le plus vaste qui croît à la lumière. » Gibran
Ce vers est à lui seul une grande leçon d’architecture, d’une fulgurante simplicité. Gibran nous y parle d’Architecture pour que l’Homme puisse habiter le monde en poète. Tout est question de sens et de bon sens. Avant d’être au monde, on naît à soi.
„Votre maison est votre corps…“, c’est de cela dont il est question: recentrer, replacer l’Homme au coeur de la réflexion.
La question architecturale nécessite l’ouverture aux multiples phénomènes qui peuplent l’existence quotidienne de tout à chacun. Elle tend pour commencer à satisfaire des besoins pratiques et économiques. Mais rapidement, elle en vient à observer, scruter la moindre indication subtile qui lui permettra de répondre à cette idée vague mais tenace qu’un bâtiment quel qu’il soit, émerge de l’intuition „d’un lieu de concentration où l’esprit puisse s’exercer“.
„Votre maison est votre corps le plus vaste…“, l’espace s’esquisse.
„Votre maison est votre corps le plus vaste qui croît à la lumière.“ L’espace se précise, il est une valeur existentielle.
On naît à soi pour être au monde, à la rencontre de l’autre pour un moment de partage:
„La pièce est le commencement de l’architecture. La structure de la pièce doit être évidente dans la pièce même. C’est la structure, je crois qui fait la lumière… Des éléments de la pièce, la fenêtre est le plus merveilleux… Entrez dans votre pièce et sachez à quel point elle vous est personnelle, combien vous la sentez vivre. Dans une petite pièce, juste avec une seule personne, il se peut que vous disiez quelque chose qui n’a jamais été dit auparavant; ce n’est pas la même chose s’il y a une autre personne. Alors dans cette pièce la singularité de chacun devient tellement perceptible qu’aucune ne se dissipe. La rencontre devient un évènement…“.
Louis Kahn.